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L'EGLISE SAINT FLORENT
Le patronage de Saint Florent, disciple de Saint Martin de Tours, connu comme évangélisateur du Poitou et fondateur au IVéme siècle du Monastère de Saint Florent-le-Viel (Maine et Loire) est une exception en Basse Bretagne. Une statue le représente avec mitre et crosse, tenant un livre dans la main gauche. Du passé de l'église, on ne sait rien si ce n'est qu'en 1736 elle est gravement ruinée. Bibliographie: KERMOAL (C), « Les notables du Trégor - Eveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850) » les PUR novembre 2002, p 112. " Le constat en a été fait par l'ingénieur des Ponts et Chaussées: la tour présente une lézarde de plus de deux pieds et le clocher menace de s'effondrer. Le 11 novembre 1770, le recteur de la paroisse et le procureur fiscal mettent les délibérateurs en face de leurs responsabilités: " ( ...) auxquels (délibérateurs) monsieur le recteur et le sieur procureur fiscal de la juridiction de Keranroux plufur ont fait voter et remarquer que le cloché au-dessus de la porte principale de l'entrée de l'église fait ventre du cotté au couchant, ainsy que la cornière du même coté vis à vis du prespitaire est dans un périne (péril) éminant, et prait à échoer lors qu'on y pensera le moins et que par son écroulement (elle) entrenera indubitablement la tour, la flèche, ainsy que les cloches et de quelques cotté que ce soet: que léboulement total puisse arriver il en résultera indubitablement et inevitablement que l'église, la chapelle de saint yves qui est dans le cimetière, le perspitaire ou les maisons qui composent le bourg seront eccrasé ainsy que les personnes qui pourroint se trouver ..." La solution consiste à quérir, d'urgence, des charpentiers pour monter des échafaudages et des maçons et piqueurs de pierre pour effectuer les premières réparations. Mais très rapidement l'ampleur des dégats apparaît: la flèche et la tour présente des ouvertures "à y entrer les bras d'un homme"; il devient nécessaire de ceinturer la tour et de l'alléger de l'extérieur, de descendre les cloches avec toutes les précautions possibles pour les placer en sûreté, et de faire venir de Guingamp le sieur Anfray ingénieur des Ponts et Chaussées pour lui demander une visite précise des lieux. Le résultat est conforme à ce qui pouvait s'imaginer; en grande diligence de réparations, la tour menace une chute prochaine; il est nécessaire de descendre le clocher qui sera placé dans un recoin de l'église avant de commencer la réparation de la tour. Les plans et devis sont dressés par Anfray; la reconstruction qui démarre en mai 1772 s'échelonne jusqu'à 1776.*
Les bénitiers
Outre divers remplois tels la charpente des deux travées droite du chœur (1504) sur la corniche (fausse sablière), les deux bénitiers de 1558, la charpente à chevrons portant ferme dans le porche Sud à l'important décor sculpté, on a conservé un grand bas relief en pierre encastré au ras du sol du parement intérieur du croisillon Nord.
Le bas-relief
Celui-ci est décrit par René GOUFFON ("Répertoire des églises et chapelles dun diocèse de Saint Brieux et Tréguier" SECDM tome 70, 1938) comme représentant l'adoration des mages et l'Ecce Homo". Il s'agit plutôt d'une image double du Christ à travers sa nativité et sa résurrection. L'image même de la résurrection qui fait la synthèse, mort et résurrection, entre Christ "aux outrages" et Christ "triomphateur de la mort". Le Christ apparaît de face, en buste, couronné d'épines, les yeux clos et les bras croisés, émergeant d'un sarcophage orné d'arcatures. A droite est représentée de face, la Sainte Vierge avec l'enfant. Cette représentation tend à faire apparaître la Sainte Vierge comme la Déesse-Mère, et la parèdre ( gr. paredros, qui siège à côté) de son fils. A gauche du Christ, le donateur à genoux est accompagné d'un prêtre porteur d'une offrande livre ou l'écu du donateur?. A droite de la Vierge, est la donatrice, à genoux, accompagnée d'une figure féminine voilée porteuse d'une offrande ou d'une cassolette? Les costumes semblent dater l'œuvre fin du 15ème début 16ème siècle.
Le Retable
Le Retable ou fragment du maître-autel comme le suggère Benjamin JOLLIVET ("Les côtes du Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département" tome 3, pp 132-133, GUINGAMP 1854/1859) est une œuvre pour le moins énigmatique qui date de l'édification du croisillon Nord (1675). Il porte les armes des QUELEN et des COSKAER. Tout le reste de l'église, ou peu s'en faut, a été reconstruit à la fin du XVllléme siècle dans un contexte post-médiéval Néoclassique selon le "modèle d'église rustique de son temps".
Description du monument
L'ancienne église paroissiale est composée sur un plan de type basilical: plan classique en croix latine formée par un vaisseau aveugle qui associe clocher-porche occidental carré, nef avec bas côtés de 8 travées, transept à croisillons égaux formant chapelles au droit des deux dernières travées, chevet en abside et porche hors d'œuvre au Sud. Le tout est couvert d'un toit unique sans ressaut. L'ossuaire adossé au Sud du clocher est daté 1819. La sacristie située dans l'angle formé par le chevet et le croisillon Sud est postérieure à la reconstruction. Les façades sont nues sans assise ni corniche. Les fenêtres de lucarnes qui éclairent les bas-côtés sont pourvues de vitraux
-Les baies Sud datent de 1763
-Le portail du clocher date de 1772
-Les piliers de la nef datent de 1767 à 1774
-La façade du porche Sud date de 1776.
De l'édifice du XVléme siècle ne subsistent que quelques éléments:
-la charpente des deux travées droite du chœur, à chevrons portant fermes à culots sculptés.
-dans le chœur, deux pièces constituant les anciennes sablières sont conservées. L'une représente une scène de chasse et l'autre porte l'inscription l'an 1504 fet p.V.B.
-la charpente à chevrons du porche Sud qui porte fermes à décors sculpté.
-le bras Nord édifié en 1675 (compris retable) restauré en 1842
-la cuve baptismale en granit du XVéme siècle
-le clocher est une reconstitution partielle.
Seules les façades Ouest et Sud ont été modifiées en 1772. Le couronnement de la flèche a été remonté à l'identique et semble daté du XVléme siècle.
-La façade du bas-côté Sud jusqu'au delà de la fenêtre en arc brisé n'est également qu'un remaniement du XVlllème siècle, y compris le porche du XVIème siècle dont la façade a été refaite en 1776.
La reconstruction de l'église fut effectuée entre 1772 et 1776. De nombreuses dates gravées dans la pierre indiquent la période du chantier.
Inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques
L'église est inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1983. Citation du Recensement des Edifices Anciens de la France: "L'Eglise est révélatrice de l'architecture religieuse du 3ème 1/4 du 18ème siècle dans les Côtes du Nord, œuvre d'ingénieur des Travaux Publics avec repris d'éléments antérieurs. L'ensemble (édifice + placitre + chapelle annexe est un témoignage maintenant assez rare de l'édifice cultuel traditionnel en Bretagne"
Extrait du rapport de présentation de l'Eglise St Florent de la Direction du Patrimoine « Plan en croix latine, nef de trois vaisseaux, chœur dans le prolongement du vaisseau central terminé en hémicycle, sacristie accolée à l'Est.
-Massif Occidental avec clocher, porche dans œuvre; dans la massif Nord, tourelle d'escalier circulaire.
-Ossuaire en appentis adossé au Sud.
-Porche Sud au droit de la 4ème travée.
-Elévation intérieure formée par grandes arcades plein cintre, vaisseaux couverts d'un lambris peint.
-Les arcades retombent sur des colonnes hexagonales par l'intermédiaire de curieux chapiteaux.
-Architecture d'ingénieur très traditionnelle, caractéristique du 18ème siècle breton, reprenant les thèmes régionaux (porche Sud par ex) »
Travaux antérieurs de restauration
Des travaux de reprise de charpente, maçonnerie et couverture furent engagés dès 1989 jusqu'en 1993, puis fin 1998 et début 1999, avec des aides financières du Département.
En 1998, l'état de l'église St Florent était devenu dramatique : toiture partiellement effondrée, quelques parties maîtresses de la charpente déformée, de gravité telle que la Mairie avait prescrit un arrêté de péril. Les travaux engagés cette même année ont concerné la charpente ancienne du 16ème siècle modifiée au 18ème siècle (travaux de l'ingénieur ANFRAY) dégagée et consolidée, et la toiture totalement refaite. L'édifice, ainsi hors d'eau, fut sauvé.
Toutefois, les mesures conservatoires étant faites, de nombreux travaux restent à réaliser:
-reprise et consolidations des parties structurantes en pierre,
-consolidation des liaisons de charpente
-traitement de l'humidité et en particulier les retables du chœur et transept,
-reprise des enduits muraux intérieurs
-habillage des plafonds et des murs
-récupération des eaux pluviales et drainage des murs périphériques
-traitement des abords de l'édifice
-mise en valeur de l'église par éclairage nocturne spécifique
Conclusions
Ces travaux relèvent donc:
-de consolidation et stabilisation de désordres liés à la structure
-d'assèchement et de mise hors d'eau
-de finitions et d'embellissement
La présente étude reprend ainsi l'objectif initial de ces travaux non réalisés et un ensemble de propositions de mise en valeur et d'aménagements divers. Plusieurs réunions de travail ont eu lieu avec les élus municipaux, dont l'une avec l'Architecte des Bâtiments de France. Elles ont permis de cerner la présente étude et d'orienter le choix et les priorités. Cette étude est réalisée par MM Dubourg et Le Cœur, architectes du Patrimoine. Elle est menée conjointement avec M.Petibon architecte chargé de la maîtrise d'œuvre et direction des travaux.