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LA CHAPELLE SAINT NICOLAS


La chapelle Saint Nicolas étonne toujours le visiteur qui vient à sa rencontre. Elle surprend par sa beauté et par son isolement au bord du Yar.

On peut s'interroger sur la raison de sa construction dans cet endroit si singulier. La sensation d'isolement est récente. Le chemin a été très utilisé à une certaine époque, au point que la destruction de l'édifice avait été envisagée pour élargir le chemin.

La vallée du Yar paisible et abandonnée aujourd'hui comme beaucoup de rivières au centre de la vie économique et donc très fréquentée. Le Yar faisait tourner un grand nombre de moulins : tout proche, à l'ouest, le moulin de Saint Nicolas et à l'est celui de Kerprigent en Plounérin dont on devine les ruines lorsque l'on emprunte le chemin de randonnée qui rejoint le village de Lesteo en Plufur. Ce chemin qui passe devant la chapelle suit l'ancien bief du moulin ainsi que la chaussée sur la retenue d'eau qui alimentait cet ouvrage. Un peu plus en amont, fonctionnaient le moulin de Manac'hti en Plufur et celui disparu de Milin Nevez (Moulin Neuf) à Plounérin tout proche de la carrière de Bruillac. On devine également à l'est de la chapelle les ruines d'une maison dans la végétation qui borde le chemin qui mène à Keroue.

Sur les anciennes cartes postales et photos de l'édifice, on constate tout de suite que l'endroit était beaucoup moins, boisé et donc plus ouvert qu'aujourd'hui. Plufur a compté jusqu'à 1714 habitants en 1 878. 540 en 2006 !

La construction de l'édifice a débuté en 1488 pour s'achever en 1499. Elle intervient à la fin de la période dite de «l'Etat breton» qui va de 1341, début de la guerre de succession de Bretagne qui verra s'affronter les Montfort et le Penthièvre pendant 23 années date du Traité d'union du Plessis Macé.

1488 est également l'année de la bataille de Saint Aubin du Cormier qui voit la défaite du duc François II contre l'armée du roi de France Charles VIII. Le duc de Bretagne décède peu de temps après et sa fille Anne lui succède.

Anne de Bretagne deviendra l'épouse de Charles VIII, en décembre 1490. Il décède en avril 1499 , Anne se remarie avec son successeur Louis XII en décembre 1499.

L'inscription que l'on peut lire sur la façade ouest de la chapelle au dessus de la grande porte indique les conditions de la construction: 
Vincent de Plusquellec de Boncoeur  
De Bruillac qui était seigneur  
Fit le devis de ceste église  
En cette forme et à sa guise  

René Leros estoit miseur  
De cette chapelle, et gouverneur  
Philippe Beaumanoir  
Fut sans fael (faille) maître ouvrier en pierre  

De Mezambez était seigneur  
J. Marhec qui est fondateur  
De cette église et donna place  
Dont il désire avoir grâce  

L'an MCCCCIIIIxx et VIII  
En ceste manière  
Fut commencé et ainsi entreprise  
Ceste œuvre avant et arrière  

Messire Borgne premier chanoine de Tréguier
Archidiacre grand vicaire
Entreprit de dire office et messe
Cet honneur en ceste chapelle perpétuera sa mémoire

G. Floc'h prêtre premièrement
Donna pour sa dévotion
Ici un calice d'argent
Dieu lui donne grâce perpétuelle

René Couffon indique en 1938 que, d'après cette inscription, la conception de l'édifice revient à Philippe Beaumanoir.
Christian Millet, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère tome CXXXVII, année 1998, pense que la conception semble partagée par Vincent de Plusquellec de Boncoeur de Bruillac qui devait être le propriétaire de la carrière de Bruillac à trois kilomètres d'ici sur la commune de Plounérin, d'où l'on extrayait encore il y a peu de la pierre pour la construction.

Les Beaumanoir était une famille de professionnels du bâtiment de Morlaix que l'on retrouve mentionnés dans différentes archives entre 1463 et 1561. Ce sont surtout des tailleurs de pierre qui transmettent d'une génération à une autre leurs savoirs, leurs références et assurent la continuité de longs chantiers.

Les édifices Beaumanoir se situent dans une zone géographique restreinte entre Guimilliau en Léon et Ploumilliau en Trégor. Exemples : Saint Melaine à Morlaix, Saint Yves à Plougonven, Notre dame de Trémel et l'église de Trédrez.

On retrouve trois constantes dans les principes de construction
 1- La tour clocher, toujours à l'ouest dans l'axe de l'édifice constitué d'un mur pignon avec de part et d'autre des contreforts qui donnent l'aspect d'une poutre en « I » jusqu'à la plate-forme du beffroi. Ce type de construction est de bonne stabilité et permet d'ériger ce mur beaucoup plus haut que le faîtage de l'édifice ce qui donne au clocher une allure plus élancée.
 2-Le chevet polygonal à trois pans surmontés de frontons triangulaires. La couverture est formée de noues multiples. Chaque pan est percé d'un vitrail qui concentre un maximum de lumière sur le maître d'autel.
 3- L'ornementation et la décoration, les gargouilles à têtes de chimères, les balustrades sont également des éléments communs que l'on retrouve dans les constructions Beaumanoir.

La chapelle Saint Nicolas regroupe ces caractéristiques ce qui a fait dire à René Couffon qu'elle constitue un modèle, un prototype.

André Mussat la considère comme le plus bel exemple de l'art des Beaumanoir, comme une tête de série. La chapelle de Saint Nicolas n'a jamais été remaniée comme l'ont pu être les églises des environs qui ont été l'objet de rajouts et d'agrandissements successifs, voire de destruction.

La chapelle est classée monument historique depuis 1911. la toiture et la charpente ont été restaurée dans les année 1970 et le clocher consolidé en 1999.

La réfection des trois portes a été effectuée l'hiver dernier, les vitraux des huit fenêtres vont être mis en place. Les travaux vont se faire en deux tranches, la première vient d'obtenir la subvention de la Région. Ils vont être faits d'après des croquis qu'Hubert de Sainte Marie, maître verrier, avait imaginés et dessinés, il y a une trentaine d'années et qui ont été retrouvés récemment par son successeur. On peut penser que la balustrade du clocher sera également remontée un jour.

Le mobilier intérieur constitué de plusieurs statues a été « déménagé » au milieu des années 1960 et « hébergé » dans une église des environs. Le retour des statues est prévue dans l'église paroissiale lorsque les travaux en cours seront achevés. La statue de saint Nicolas, en très mauvais état, (il ne subsistait plus que la tête) a semble-t-il disparu. Lucien Prigent, sculpteur originaire de Trémel, en a confectionné une neuve à la demande de l'abbé Dubourg, dernier desservant de la paroisse de Plufur avant son rattachement à Plestin les Grèves. 

On peut signaler, en remontant au village de Keroue, sur la gauche au sommet du coteau (la partie boisée) la présence d'une motte féodale. 

LA CHAPELLE SAINT YVES


La chapelle Saint-Yves est située dans l'enclos du cimetière. Il s'agit d'un édifice, de plan rectangulaire, du XVème siècle, reconstruit en 1901 et restauré une première fois en 1912. Les seigneurs du Plessis-Eon et de Keranroux possédaient des prééminences dans cette chapelle. Mobilier mentionné en 1940 : Statues anciennes de saint Yves et de saint Isidore (XVIIème siècle).

AUTRES EDIFICES


- l'ancienne chapelle Saint-Drien, dite Saint-Adrien, détruite. Il ne reste, en 1940, que la porte principale ; l'édifice était déjà mentionné en très mauvais état en l'an X. Les registres de Plestin relatent le 11 juillet 1596 un combat près de la chapelle Saint-Drien entre les paysans de Plufur et les soldats de Tonquédec venus les piller.

- l'ancienne chapelle du Christ, détruite. Elle existait au XVIIIème siècle et fut interdite en 1706 à cause de son mauvais état.

- l'ancienne chapelle SAINT-MELAINE, détruite. L'ancien cadastre portait Sainte-Madeleine

- l'ancienne chapelle du Manach'Ty. Prieuré du Relec (ou Relecq). La chapelle fut interdite en 1706 en même temps que celle du Christ. 

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